L'électronique relance la Route de la soie
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LU SUR LE WEB Face à l'augmentation des coûts du transport par voie maritime, des entreprises redonnent vie à l'historique liaison entre la Chine et l'Occident. Avec des trains plutôt que des chameaux.
De la Route de la soie à la route des portables. Après plus de 600 ans d’abandon, le chemin reliant l’Asie et l’Occident est de nouveau emprunté pour le commerce. En 2013, les épices et la soie ne sont plus au programme, mais ce sont des millions d’ordinateurs et d’autres biens produits en quantité par la Chine qui sont transportés par train, offrant ainsi une route alternative à la voie maritime.
Le New York Times décrit (en texte et en images un voyage à bord de l’un des convois désormais affrêtés entre l’Ouest de la Chine et l’Europe, à travers les plaines du Kazakhstan, avant de traverser Russie, Biélorussie puis d’entrer dans l’Union via la Pologne. A bord, des gardes armés de kalachnikovs sont chargés d’empêcher l’attaque du train chargé de composants électroniques dans les steppes.
C’est le californien Hewlett-Packard qui a relancé la Route de la soie, de façon expérimentale il y a deux ans et désormais à raison d’au moins un convoi chaque semaine, trois si la demande se fait pressante. Pour l’hiver et ses températures sous les -40, les wagons sont spécialement équipés pour protéger les machines. Le transport de marchandises par cette route représente encore une «petite fraction des expéditions depuis la Chine vers l’Europe», rappelle le New York Times. Mais le trajet est de plus en plus en vogue, le transporteur DHL ayant inauguré une liaison hebdomadaire le 20 juin dernier, tandis que plusieurs concurrents d’Hewlett-Packard se préparent à faire de même.
La Route de la soie n’a jamais été une route unique dans l’histoire, d’ailleurs, mais plusieurs chemins empruntés par des chameaux et des chevaux dès le 2ème siècle avant Jésus-Christ, tous façonnés par les contingences économiques de l’époque, et débouchant vers la Turquie. Au XXIème siècle, ce retour en grâce du transport terrestre entre l'Europe et la Chine est aussi le résultat «d’une géographie économique qui change encore», souligne le New York Times. Le coût du travail sur la côte Est de la Chine a grimpé depuis dix ans, poussant les industriels à produire dans la Chine intérieure. Le prix du pétrole a augmenté, poussant à la hausse le prix du transport maritime et les porte-conteneurs a ralentir le rythme. Aujourd’hui, il faut cinq semaines pour acheminer les produits fabriqués dans les usines de l’intérieur du pays vers les ports de Shangai ou Shenzen, puis rallier l’Europe via l’Inde et le Canal de Suez. Par la terre, c’est trois semaines seulement, pour à peine 25% de surcoût.
Le Kazahkstan a bien compris l’opportunité, anticipant au passage une éventuelle future levée des sanctions commerciales frappant l’Iran. Le président Nazarbayev a confirmé en décembre dernier un grand programme d’investissement sur l’infrastructure ferroviaire du pays afin de «faire revivre une nouvelle Route de la soie».